Quatre de vos écrits ;Perdue dans l'Abîme, insolente,
J'attends que s'accumule les cadavres, indolente.
Sous mes pieds ensanglantés,
Ils viendront se déposer,
Je n'aurais rien à faire.
Mais, toujours prisonnière,
Triste comme une pierre,
Leur mort est ma consolation,
Car toujours ils me croiront,
Alors que je ne suis que mensonges,
A demi-mot un songe..?
Alice
Je suis tel un corbeau sombre,
A la limite des deux mondes,
Prêt à tomber dans l’abîme,
Rendue folle par mes crimes.
De mon trône surélevé,
Je regarde les cadavres s’accumuler,
Doucement à mes pieds,
Sans une once de pitié.
Recherchant ce que j’ai perdu,
Qu’est-ce ?
Je ne le sais même plus.
Tel un souvenir brumeux,
Un désir qui m’oppresse,
Je ne trouve pas ce que je veux.
Un souvenir de tendresse,
Insuffisant pour de mon cœur
Réveiller la hardiesse,
Doucement je me meurs.
Alice
GENRE UNE NOUVELLE DEBILE...
On était à la fin de l'été. C'était un après-midi en fin de semaine, à l'heure où tous dorment après un bon repas, dégusté avec lenteur pour ne rien laisser perdre. L'air, chaud, transportait des fragrances de thym, de romarin et autres odeurs aussi agréables, mais l'atmosphère opressante laissait présager un orage, et pas des moindres! Il faisait si chaud que bon nombre de bourgeois avaient décidés de sortir profiter de la fraïcheur de l'onde, et l'on pouvait apercevoir de nombreuses embarcations qui semblaient dériver au gré des des caprices du courant.
Sur la berge, un établissement attirait l'attention: un restaurant,
coquet et coloré, sur la terrasse duquel des canotiers devisaient, en vidant (avec une certaine avidité, il faut l'avouer) des bouteilles de vin. L'ambiance était festive, et les conversations allaient bon train, les langues des bourgeois étant déliées par l'alcool. Un peu rouges, ils étaient souriants, et leurs sourires étaient quasiment extatiques.
Sur la table recouverte d'une belle nappe blanche, on pouvait voir une magnifique coupe de fruits que presque personne n'avait touchée. Une jeune femme, assise à la table, s'amusait avec un petit chien ressemblant à s'y méprendre à une boule de poils, et une autre, quasiment couchée sur la rambarde, gradait le regard vague et l'air rêveur. Jeune, habillée de teintes claires, un chapeau de canotier posé sur son épaisse tignasse brune, elle sourait d'un air absent.Tout dans son apparence exprimait sa vanité et son désir de se faire aborder et courtiser.
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Un homme, qui, jusque là s'était contenté de siffloter gaiement de vieux airs en s'appuyant à la rambarde, s'empara en chancelant d'une bouteille de vin, qu'il porta à sa bouche en titubant. Les autres canotiers, trop occupés par leur conversation, n'y prêtèrent guère attention, mais, à peine quelques minutes plus tard, le même homme tomba à l'eau avec de grands bruits d'éclaboussures. Le silence se fit sur la terrasse. On ne savait s'il fallait rire ou pleurer, l'eau n'étant pas profonde et le canotier n'ayant peut-être pas eu le temps de se rattraper. les bourgeois entendirent alors un toussotement étouffé, qui venait de sous la terrasse.
Ils se penchèrent, et virent l'homme, une bouteille à la main, qui crachotait pour se débarrasser de l'eau qui encombrait ses poumons. Les convives, stupéfaits, partirent dans un grand éclat de rire général, légèrement hystérique, sous le regard éberlué du canotier à moitié dans l'eau. Un bourgeois parvint alors à s'arrêter de rire, et, s'essuyant ls yeux pour y faire partit toute trace de larmes, demanda:
- Sacrebleu, Henri, comment diable as-tu fait pour tomber?
Le dénommé Henri marmonna alors:
- Je ne suis pas tombé, j'ai sauté! je voulais récupérer ma bouteille!
Son interlocuteur, observant l'air lucide et l'aspect mouillé d'Henri, repartit dans un fou rire et articula à gran peine:
- Et bien, au moins, tu dégrises, Henri, tu dégrises!
FIN
Alice