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« Wir sind allein...
Ein schwarzer Schatten fällt auf eine Welt aus Eis... »

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Affalé sur un banc, les yeux fermés, Chris semblait profondément endormi, indifférent aux rayons du soleil matinal qui venaient caresser ses joues pâles. Il avait passé la nuit là, sans trop savoir pourquoi ni comment il s'était retrouvé à cet endroit. Mais au fond, peu lui importait... Un taxi passa rapidement sur la route en klaxonnant bruyamment. Chris ébaucha une grimace agacée, puis finit par ouvrir les yeux. La rue était brumeuse et déserte, il devait être huit heures du matin, peut-être moins. Il soupira longuement, avant de se lever. Il se dirigea d'un pas chancelant vers un magasin non loin de là, et observa un instant son reflet dans la vitrine. Ses vêtements étaient poussiéreux, sa chemise blanche tâchée d'un rouge profond, et son maquillage avait coulé. Qu'avait-il donc fait la veille pour être dans cet état aujourd'hui ?... Il avait du mal à s'en souvenir. Il se rappelait d'une boîte de nuit underground, des filles en corset se déhanchaient du haut de leurs rangers cloutées, une fumée irrespirable envahissait l'air. Il y avait de l'alcool, beaucoup d'alcool. Et du sang... Du sang, partout... Chris se prit la tête entre les mains, chancelant de nouveau. Tout compte fait, il valait peut-être mieux laisser ces souvenirs de côté pour l'instant...
Il s'éloigna à pas lents de la vitrine, les mains dans les poches, jetant des regards farouches à tous les passants qui le dévisageaient d'un air surpris. Il passa alors devant une petite ruelle qui donnait sur la rue dans laquelle il se trouvait. C'était une impasse sale et très mal éclairée à laquelle il ne prêta pas grande attention, et continua son chemin. Il s'arrêta alors soudainement et revint en courant vers la ruelle. Il lui avait semblé apercevoir une silhouette allongée sur le bitume. Une silhouette familière... Il s'approcha à pas de loup, sans un mot et se pencha vers une jeune femme adossée contre le mur de pierre. Il aurait reconnu cette crinière rousse entre mille, c'était Maëlle... Elle semblait endormie. Ses mains et ses vêtements étaient tachées de sang. Il s'agenouilla près d'elle et la prit par les épaules, l'air plus inquiet que jamais.
▬ Maëlle, réveille-toi ! Qu'est-ce qu'il t'es arrivé... Qu'est-ce que tu as fait ?

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« J'étais si froide, si hermétique, linceul de glace, dame de pique... Dans ma croisade, j'ai vu en toi un homme de coeur, un roi pour moi. Je voudrais tant froisser la trâme de ton présent, vendre mon âme, pour briser tes chaînes et t'enlever, faire de toi mon unique reflet... »
Rising Senses Of Nemesis - Pénitence


Cela fait dix mois, maintenant. Dix mois que tout a basculé, que le semblant de bonheur qui habitait encore mon âme esseulée s'est enfui. Oui, mon bonheur s'est enfui avec lui... Il est dans chacun de ses pas, au coin de ses yeux rieurs et tout, tout en lui me rappelle ce bonheur à jamais perdu. Et j'ai beau le croiser presque tous les jours, je ne fais plus partie de son monde, désormais... Je sens distinctement cette invisible barrière entre nous, qui nous sépare depuis le jour où j'ai pris conscience des sentiments que j'avais pour lui. Je ne suis plus rien qu'un souvenir qui, terni par le temps, finira par s'effacer, comme le vent balaye les feuilles mortes d'automne... Je sais que tout nous oppose, que tout nous éloigne, et pourtant je ne peux m'empêcher de guetter son regard lorsqu'il passe près de moi, d'espérer encore et encore, quelque chose qui n'aura jamais lieu...
Pourquoi la nature humaine est-elle ainsi faite ? Pourquoi faut-il toujours que l'on désire l'inaccessible, que l'on espère l'impossible... Nous ne sommes que des pions, des pantins désarticulés qui courent après des rêves volages, à la recherche d'un bonheur illusoire... Pour quoi vivons-nous, pauvres humains, si fragiles, si ephémères... Dix mois que je me pose cette question. Si le bonheur n'est qu'une chimère, à quoi bon demeurer en ce monde ? Quel est le but de l'existence humaine ? C'est simple, dans le fond, il n'y en a pas. Nous sommes comme des poupées de chiffon, mues par des fils invisibles, tirés par quelque Dieu assoiffé de sang et de violence. Tout ce que nous créons ne sert qu'à tuer et détruire le monde qui nous entoure. L'être humain est foncièrement mauvais. J'ai honte, tellement honte d'appartenir à cette espèce degénérée... Et pourtant, je suis comme eux. Moi aussi je suis faible, si faible... Mais je ne comprend pas l'horreur du monde, je ne saisis pas ce qui nous pousse ainsi à anéantir chaque chose que nous entreprenons, à nous détruire nous-même et chaque chose qui nous entoure...
Dix mois... C'est si long lorsqu'on est seule, à contempler les morceaux de son coeur brisé et que l'on sait que la seule personne capable d'y remédier s'en fiche éperdument... Si seulement je pouvais l'oublier, ne serait-ce qu'une minute... Mais c'est impossible. Il m'obsède, il occupe chacune de mes pensées. Il s'est accaparé tout mon être, à tel point que chaque misérable battement de mon coeur meurtri lui est dédié. J'aurais aimé ne jamais plus ressentir ce sentiment si cruel qu'est l'amour, qui nous pousse ainsi à nous livrer corps et âme à quelqu'un qui n'en a que faire... Je ne sais plus où j'en suis, je ne sais plus où aller. J'aurais tellement besoin de sentir sa présence auprès de moi... C'est impossible, il y a bien longtemps que je l'ai compris, mais pourtant je sais que je ne l'accepterai jamais... Je sais que ce sentiment de vide, de froid, qui me glace le coeur chaque fois que je le vois s'éloigner devant moi, me poursuivra encore et toujours, où que j'aille, quoi que je fasse... Il n'y a pas d'issue, je le sais depuis le jour où j'ai compris pourquoi mon coeur battait si fort à ses côtés...
Dix mois que j'erre, sans but, sans espoir... Dix mois que je me cogne la tête à la dure réalité; que de désillusions en rêves brisés, j'ai enfin compris que le bonheur n'est qu'un mensonge, un conte que les hommes ont inventé pour se voiler la face, pour donner un semblant de sens à leur existence désenchantée... Je n'ai plus le goût de vivre, il faut bien le dire. Tout me semble si fade, si dénué de sens et d'intéret... On m'aurait autrefois demandé quel était le but de mon existence, de celle de tout homme, j'aurais ri. j'aurais répondu : "Peu importe, la vie est belle !" Mais maintenant, cela me parait tellement stupide, tellement naïf... Oh, comme j'aurais aimé n'avoir pas de coeur, rester insensible aux personnes qui m'entourent... Mais c'est tout le contraire, et c'est bien là mon problème. L'amour m'a laissé bien plus de séquelles que de bons souvenirs. A chaque fois que j'ai aimé quelqu'un, ne fut-il qu'un simple ami, j'en suis revenue malade, affaiblie, le coeur couvert de bleus et d'écorchures... Jusqu'à ce jour il y a dix mois, où ce sentiment que je redoutais tant, a de nouveau fait battre mon coeur et courir des frissons sur ma peau... Ce jour maudit où j'ai été trop faible pour résister à cet amour impossible, inutile, qui s'emparait de moi. Et depuis, il me dévore, il coule dans mes veines comme un poison et me rappelle, heure après heure, à quel point je hais la vie...
Je ne sais plus quoi faire. J'ai mal, tellement mal... Je me suis toujours relevée sous les coups, mais cette fois c'est trop dur. Je n'en ai plus la force. J'aimerais tant m'endormir, d'un sommeil éternel. Quitter ce triste monde, disparaître, m'envoler loin d'ici... Mais il n'y à qu'au bout de ma plume que se peindront jamais mes maigres espérences. Il n'y a plus rien pour me retenir ici-bas, plus rien que lui, cet homme qui n'a que faire de moi... Et des lambeaux de rêves qui glissent lentement de mes doigts...

07.12.10

Lettre à F. n°3 - Mon Errance...

Midi sonne au clocher. L'écho de sa lourde cloche résonne dans l'air glacé, solitaire et froid, telle une sourde plainte. Je marche au hasard des rues détrempées, sans but, sans espoir, mêlant mes larmes aux flocons qui tombent lentement sur mes épaules tremblantes. Et bientôt, aux coups retentissants de la cloche, viennent se joindre mes sanglots. Des sanglots brusques, rapides, qui, tels des animaux sauvages, trop longtemps contenus, s'échappent avec violence de ma gorge serrée. Je suis perdue. Perdue, comme ces flocons qui virevoltent au gré du vent froid et ne savent pas où aller... La neige qui recouvre la ville de son blanc manteau me semble être un austère linceul de glace... J'ai tellement besoin de Toi...
Mes pas me conduisent à la grille d'un cimetière, que je pousse alors d'une mais fébrile. L'endroit est désert, balayé par le vent glacé; mais mon cœur transi, brisé par ton indifférence, ne ressent plus la morsure du froid... Les quelques misérables battements qui me tiennent encore en vie te sont destinés. Mon cœur saigne et hurle après toi, depuis maintenant plus d'un an; mais tu n'entends pas ses appels désespérés, tu les fuis... Et tu me tue...
Bientôt, mes yeux brouillés de larmes se perdent dans la contemplation des tombes couvertes de neige, qui s'étendent par dizaines autour de moi. Mon regard croise celui des anges de pierre qui lèvent leur visage plein de douleur vers le ciel, drapés dans leurs ailes de marbre; et les mausolées qui bordent l'allée où je me promène, aux vitraux brisés et couverts de rouilles, semblent autant de maisons abandonnées...
Je me surprends alors à envier tous ces gens, ces soldats, ces poètes, ces bienheureux inconnus qui dorment sous la terre glacée, loin des soucis de la vie. J'envie ce silence funèbre qui les entoure, et ce sommeil éternel dont ils se sont jadis endormis. Cette nuit sans fin à laquelle j'aspire depuis de si longs mois déjà...
La vie me dégoûte profondément. Je n'éprouve plus ce sentiment de joie et d'espoir qui éclairait autrefois mon âme... La vérité, c'est que j'ai besoin de Toi... J'ai besoin de ton sourire, de ta joie de vivre; j'ai besoin d'entendre ta voix, de te savoir près de moi... Tu es ma force, ma lumière, le petit rayon de soleil qui vient éclairer mes tristes ténèbres... Sans Toi, je ne suis rien, rien d'autre qu'un fantôme, un cadavre... Une poupée désarticulée, une marionnette à qui on a coupé les fils... Ces fils si fragiles que tu tenais au creux de ta main, tu les as brisés sans remords et tu es parti, sans un regard pour le pauvre objet inanimé que tu laissais derrière toi...
Et tandis que j'erre dans la neige entre les tombes muettes, chacune de mes pensées se rattache à Toi. Si tu savais à quel point j'ai mal... Si seulement tu pouvais entendre mon âme déchirée hurler ton nom, au fond du gouffre où tu l'as abandonnée... mais tu ne peux pas... Tu ne veux pas... Tu as choisi de m'ignorer, de faire comme si je n'avais jamais existé... Tu as éteint la dernière petite étincelle de vie qui subsistait encore en moi, qui se raccrochait désespérément à ton sourire...
Ma seule consolation, maintenant,, est de me dire que moi aussi, bientôt, je dormirai sous la terre glacée, d'un sommeil que tu ne pourras plus venir troubler...


Hyde R.

25.01.11

Lettre à F. n°4 - Roi de Coeur.


J'ai longtemps cherché les mots pour décrire cet étrange sentiment qui s'est emparé de moi, au fil du temps... Et c'est une chanson qui me les a apportés, bien mieux que je n'aurais su les dire. Une chanson que je connais par cœur, que j'ai si souvent chantée sans me soucier des paroles et qui, maintenant, prend enfin à mes yeux son véritable sens...
« I try to close my eyes and I'm dreaming me away, in my dreams you hold me tight, in my dreams you're always here, I never want to wake up again, don't want to face reality... »
Voilà à quoi se résume ma pensée, je n'aurais pu trouver de mots plus justes pour l'exprimer. Je veux qu'on me laisse m'enfermer dans mon rêve, qu'on me laisse quitter cette triste terre... Je ne veux plus me réveiller, chaque matin, les larmes aux yeux et le cœur à l'agonie... Non, je ne veux plus me réveiller. Je veux qu'on me laisse mon Paradis secret, qu'on me laisse tranquille, par pitié ! La réalité me dégoûte tant, tout est si sombre et si douloureux... Je veux rester dans mon monde à moi... Dans ce monde que j'ai bâti pierre par pierre, ce monde où tu es là, près de moi... Ce monde dont tu es roi... Je ne veux plus du monde réel. Je ne veux plus de cette douleur qui me torture le cœur, coule dans mes veines comme un poison et consume chaque jour un peu plus ma pauvre âme meurtrie... Et même si je souffre de me dire que ce n'est pas dans tes bras, mais dans ceux d'une image, d'un fantôme, que je m'endors chaque soir, cela ne sera jamais plus douloureux que ton indifférence. Ce mur de glace que tu as érigé entre nous; ce mur qui n'existe pas, qui n'a jamais existé dans mon monde... Ce mur de réalité auquel se heurte mon rêve...
Bon nombre de gens trouveraient tout cela ridicule. Pas moi. Après tout, que reste-t-il à une pauvre âme désespérée, si ce n'est ses rêves... Ou du moins ce qu'il en reste. Je te l'écris à toi, car je sais que de toute façon, tu ne liras jamais cette lettre...
Au fond, tout ceci est inutile... j'aurais beau vouloir fuir, suivre des chimères et m'enivrer d'artifices; sans toi, mon empire de rêves tombera bien vite en ruine. Et le pâle substitut auprès duquel mon cœur meurtri tente vainement chaque nuit de panser ses blessures, ne sera bientôt plus que poussière. Car au fond, oui, maintenant j'en ai l'absolue certitude : mon monde, c'est Toi.